Un synonyme à « non » s’il vous plait !
A l’heure où des
exactions de viol et d’agressions sexuelles défrayent la chronique, le moment
est peut-être venu d’aborder une question très négligée, pourtant étroitement
liée à ces crimes: le harcèlement sexuel. Ce sujet est d’autant plus pertinent
qu’il semble intégré dans notre culture et notre mentalité comme étant un fait
normal.
La normalité a
souvent une drôle de connotation chez nous. Il parait qu’il est tout à fait
compréhensible qu’un homme au volant de sa voiture aborde une femme à coups de
propos salaces : « Sa w
genyen ? Ou pè gason ? Kijan w fè l ? Ou vle di m ou pa konn fè
l ? » Qu’y a-t-il à en redire si une jolie piétonne reçoit au
passage un baiser volant d’un motocycliste, esquivant de justesse le contact de ses
lèvres ? Il est tout simplement « jèn
jan ». A un autre niveau, la chose est bien plus grave. Le fait que le
critère d’avancement d’une employée soit la place qu’elle occupe dans le lit de
son supérieur, relève presque de la coutume. Plus que son cerveau, le vagin
d’une femme est un plus sûr moyen de gravir les échelons de l’échelle du
progrès professionnel. Pis encore, même lorsqu’elle se résoudrait à demeurer au
même poste, elle peut quand même subir les assauts du « boss », qui peuvent aller de simples allusions
érotiques, au chantage, voire aux menaces.
Point n’est
besoin de fournir une liste de victimes pour reconnaitre la véracité de ces
propos. Plus d’une femme se retrouvera dans cette description, à un niveau ou à
un autre. A défaut de chantage sexuel, elle aura très probablement déjà subi
une cour agaçante de la part d’un passant, au hasard d’une promenade. Si ceci
est trop bien intégré dans notre normalité pour être sujet à répression, s’il
semble dans l’ordre des choses que tout homme puisse faire la cour à toute
femme indépendamment de sa volonté, d’autres situations sont tout simplement
INACCEPTABLES. Un bref regard vers d’autres sociétés suffit à le démontrer.
Puisque nous n’avons pas une assez bonne conscience de nous-mêmes pour nous auto-évaluer
et repérer nos manques, examinons-nous à l’aune française… comme d’habitude.
En France, la
loi du 6 août 2012 relative au harcèlement sexuel fait de cet acte une
infraction punissable, au même titre que le viol ou les agressions sexuelles.
Il est intéressant de constater que, contrairement à ce que suggère le sens
littéral du terme, l’infraction de harcèlement sexuel peut exister en-dehors de
toute répétition. Ainsi, selon l’article 1er de la loi susmentionnée,
non seulement « Le harcèlement sexuel
est le fait d'imposer à une personne, de façon répétée, des propos ou
comportements à connotation sexuelle qui soit portent atteinte à sa dignité en
raison de leur caractère dégradant ou humiliant, soit créent à son encontre une
situation intimidante, hostile ou offensante. », mais il désigne également
« le fait, même non répété, d'user
de toute forme de pression grave dans le but réel ou apparent d'obtenir un acte
de nature sexuelle, que celui-ci soit recherché au profit de l'auteur des faits
ou au profit d'un tiers. » Il est à noter que la peine encourue est aggravée
lorsque l’auteur de l’acte est « une
personne qui abuse de l'autorité que lui confèrent ses fonctions ».
Concrètement, dans la société française, un employeur qui oserait faire usage
de chantage sexuel pour accorder une promotion à une employée, prendrait le risque
de se voir traduit en justice, et puni d’un emprisonnement de 3 ans et de 45
000 euros d’amende. Une telle peine a un effet préventif important, qui
constitue une soupape de sécurité pour les Françaises.
Des mesures
similaires seraient une vraie bénédiction pour les femmes haïtiennes, sans
cesse en proie aux assiduités de messieurs sans éthique professionnelle,
convaincus que le marché du travail est une jungle où l’employée est proie et
le patron prédateur. Plus ou moins mal intentionnés, ces mâles ne semblent pas
comprendre les mille et un visages du refus, comme quoi, le mot "NON" n’est pas si facile à saisir, et qu’il
faudrait lui trouver un synonyme plus accessible au cerveau masculin…
Gerdy Ithamar Pierre-Louis
La question traitée est intéressante et a toute son importance.. toutefois, on risque de ne plus faire la queue aux femmes en ce sens que l'orée entre courtiser et le harcèlement soit mince voire quasiment inexistante puisqu' - rien entre nous- certaines femmes aiment qu'on insiste. Ainsi elles se sentent femmes et ont le contrôle etc.......
RépondreEffacerJe reconnais l’existence de cet aspect culturel de la question (bien que je ne l’approuve pas du tout). C’est pourquoi j’ai pris la peine de souligner que l’attitude masculine consistant à faire la cour à une femme avec insistance, semble être dans l’ordre des choses. Ce sur quoi j’ai voulu insister, ce sont ces situations qui sont sans équivoque inacceptables, comme l’utilisation de propos déplacés (ceux que j’ai cités ont été réellement dits à une jeune fille de ma connaissance) et surtout le chantage sexuel en milieu professionnel. Mais de toute façon, je crois qu’il y a beaucoup à faire pour que la femme cesse d’être un objet sexuel aux yeux des hommes, un objet auquel ils ont naturellement droit.
RépondreEffacerJe tiens à féliciter Guerdy I. Pierre-Louis pour le choix de ce sujet assez sensible que nous observons de plus en plus dans notre société. Cependant, des commentaires pertinents s'imposent:
RépondreEffacer1-je pense que le texte toucherait beaucoup plus de monde si l'auteur ne l'avais pas réduit exclusivement aux "femmes" et oui! L'harcelement sexuel n'est pas uniquement subi par les femmes n'importe qui peut se retrouver dans cette situation.
2-concernant la loi francaise d'emprisonnement pour harcelement sexuel "Elle constitue une soupape de sécurité pour les françaises" je doute fort que cette loi se réserve exclusivement aux femmes (françaises) d'ailleurs il est prouvé que le harcèlement sexuel au travail (employeur-employé) se fait ds les deux cas(homme et femme). Ainsi avant publication veuillez pousser les recherches un peu plus.
3- je pense que le sujet traité pourrait être élargi notamment parler de L'harcelement moral que nos jeunes subissent énormément par leurs profs, leurs parents et même a l'église! (Pensez-y! Cela pourrait faire l'objet d'un autre texte)
Bonjour Anonyme! Ce sont des remarques très très justes et pertinentes.
RépondreEffacerRéduire le harcèlement sexuel aux femmes a été un choix tout à fait subjectif. La question pourrait être abordée de manière plus large. Et merci pour la piste du harcèlement moral. Cela mérite réflexion.
Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.
RépondreEffacerIntéressant, comme texte. Ma seule crainte est le délavage des mots "viol" ou "harcèlement sexuel". Définir l'harcèlement comme étant une action unique et finie ouvre la porte a un tout autre problème: la subjecvité d'une action, pouvant être qualifiée d'impolie, traduite en crime par une telle loi.
RépondreEffacerA mon avis, une loi pouvant détruire la vie ou la carrière d'une personne ne devrait pas reposer sur des bases aussi frivoles.
Cela dit, les lois en place en Haiti contre ce genre d'infractions devraient être prises plus au serieux peu importe la culture environnante.
Bonjour Chaly Sama.
RépondreEffacerMerci bezucoup de votre commentaire.
A mon avis, la deuxième définition du harcèlement en tant qu'acte ponctuel n'englobe pas les simples actes d'impolitesse. Les termes de la définition sont sans éqéquivoque. Le législateur françis parle de "pression GRAVE" ayant pour finalité l'obtention d'une faveur sexuelle. Je ne pense pas que la confusion soit possible car tant que la gravité de la pression n'est pas établie, l'infraction n'est pas constituée.
D'ailleurs le Conseil Constitutionnel français avait abrogé la loi de 2002 sur le harcèlement car elle ne limitait pas les situations pouvant être ainsi qualifiées. L'adoption de la loi de 2012 avait justement pour but de pallier cette insécurité juridique.
Tout ceci est pour dire qu'à mon avis le harcèlement est raisonnablement défini par le législateur français et qu'il peut être valablement cité en exemple au législateur haïtien.
Bonjour Chaly Sama.
RépondreEffacerMerci bezucoup de votre commentaire.
A mon avis, la deuxième définition du harcèlement en tant qu'acte ponctuel n'englobe pas les simples actes d'impolitesse. Les termes de la définition sont sans éqéquivoque. Le législateur françis parle de "pression GRAVE" ayant pour finalité l'obtention d'une faveur sexuelle. Je ne pense pas que la confusion soit possible car tant que la gravité de la pression n'est pas établie, l'infraction n'est pas constituée.
D'ailleurs le Conseil Constitutionnel français avait abrogé la loi de 2002 sur le harcèlement car elle ne limitait pas les situations pouvant être ainsi qualifiées. L'adoption de la loi de 2012 avait justement pour but de pallier cette insécurité juridique.
Tout ceci est pour dire qu'à mon avis le harcèlement est raisonnablement défini par le législateur français et qu'il peut être valablement cité en exemple au législateur haïtien.
En effet, la loi le dit. Il faut, néanmoins tenir en compte le fait qu'une sentence peut être établie comme précédent, réduisant le niveau nécessaire pour ce qui être qui peut être établi comme pression grave, ce terme pouvant être appliqué a differentes actions.
RépondreEffacerAussi, je parle d'impolitesse spécifiquement dans les cas d'harcèlement unique, ou l'acte a peu de choses d'être repété(quelqu'un dans la rue me tapant les fesses, par ezemple). Le seuil de définition est très subjectif dans ce cas, changeant par rapport a 'individu. Surtout que la simple accusation d'harcèlement sexuel peut coûter a quelqu'un son travail, bien avant que l'accusation ait été prouvée vraie ou fausse. Une loi pouvant causer des repercussions aussi serieuses ne devraient pas reposer sur la definition subjective de l'individu...
Nous devrions tenir en compte que votre argument soit tout a fait valable, je pense juste que les definitions produites par cette loi sont trop ouvertes a l'interpretation, ce qui pourrait conduire a l'inflarions des chiffres, et puis donner encore plus de raisons de penser que le besoin de ce genre de loi est plus crucial que jamais, créant ainsi un cercle vicieux.
RépondreEffacerJe comprends tout à fait Chaly Sama. Il est vrai que les deux définitions du harcèlement laissent beaucoup de place à l'interprétation. Mais on ne saurait en blâmer le législateur, qui doit fixer des règles très générales, que le juge aura à interpréter. Donc toute décision judiciaire fait appel à l'interprétation.
RépondreEffacerJe reste convaincue de la justesse de la deuxieme définition du harcèlement. Le tandem Pression-Gravité exclut d'office beaucoup de situations comme une tape sur les fesses. Ce comportement pourrait plutôt être inclus dans la première définition mais s'il n'est pas répété, il est automatiquement exclu.
Il faut réellement essayer d'avoir une idée d'ensemble du harcèlement en tant qu'acte non répétrépété. Il équivaut chantage sexuel.
Quant aux effets possibles d'une accusation de harcèlement, je me contenterai de dire que, d'un côté, tant qu'une décision judiciaire n'a pas déclaré la culpabilité d'une personne, celle-ci est présumée innocente et d'un autre côté, la loi punit la diffæmation.
De toute façon, le meilleur choix d'un homme par rapport au harcèlement est de rester correct envers toute femme.
Je comprends tout à fait Chaly Sama. Il est vrai que les deux définitions du harcèlement laissent beaucoup de place à l'interprétation. Mais on ne saurait en blâmer le législateur, qui doit fixer des règles très générales, que le juge aura à interpréter. Donc toute décision judiciaire fait appel à l'interprétation.
RépondreEffacerJe reste convaincue de la justesse de la deuxieme définition du harcèlement. Le tandem Pression-Gravité exclut d'office beaucoup de situations comme une tape sur les fesses. Ce comportement pourrait plutôt être inclus dans la première définition mais s'il n'est pas répété, il est automatiquement exclu.
Il faut réellement essayer d'avoir une idée d'ensemble du harcèlement en tant qu'acte non répétrépété. Il équivaut chantage sexuel.
Quant aux effets possibles d'une accusation de harcèlement, je me contenterai de dire que, d'un côté, tant qu'une décision judiciaire n'a pas déclaré la culpabilité d'une personne, celle-ci est présumée innocente et d'un autre côté, la loi punit la diffæmation.
De toute façon, le meilleur choix d'un homme par rapport au harcèlement est de rester correct envers toute femme.
Tout comme l'a si bien dit Anonyme, l'harcelement sexuel ne se fait pas seulement contre un genre déterminé, les deux en subissent. Mais je trouve que cela a été un bon choix de parler de l'harcelement qui se fait contre la femme plus precisement. Surtout quand on entend divers de propos machistes. Mais comment réagir en tant que femme quand même après avoir subit un harcèlement sexuel, nous sommes menacées par ces mêmes harceleurs pis encore risquons même de perdre notre travail?
RépondreEffacerBonjour Unknown.
RépondreEffacerMalheureusement, c'est un dilemne auquel trop de femmes font face. Personnellement, je pense qu'une femme ne devrait jamais céder au chantage sexuel (sans juger celles qui font autrement). De toute façon, la solution à ce problème ne réside pas dans des actions isolées, individuelles. Il faudrait une action collective pour qu'au moins une loi protège les femmes du harcèlement et qu'elles se ssentent en sécurité en refusant les avances de leurs collègues. En attendant, chacun doit savoir que le tribunal du travail ne fait pas de cadeau aux patrons quant aux licenciements abusifs. Les employés révoqués à tort peuvent être certains d'obtenir justice.